Peut-on créer l’habituation au changement dans l’entreprise, réalité ou utopie ?

Peut-on créer l’habituation au changement dans l’entreprise, réalité ou utopie ?

L’habituation sensorielle se manifeste chez l’individu par une diminution graduelle de l’intensité ou de la fréquence d’apparition d’une réponse à la suite de la présentation répétée ou prolongée du stimulus l’ayant déclenchée. Ainsi, un paysage inhabituel que nous contemplons pendant un laps de temps nous devient plus familier. De même, un parfum qui se diffuse continuellement dans notre espace, son arôme en devient inodore. L’habituation sensorielle atténue notre perception par une surexposition.

 

A présent, imaginons une habituation des individus au changement dans l’entreprise. Comment les salariés et les managers se comporteraient-ils ? La pratique de changements successifs et périodiques aurait-elle une incidence sur l’acceptation du changement jusqu’à en devenir une pratique procédurale et routinière. Cette résistance au changement maintes fois décriée serait définitivement dissoute pour éveiller chez les salariés et managers une coopération vertueuse et inconditionnelle et ce quelle que soit la nature du changement? En somme, des changements réalisés dans un halo de consentement partagé !

L’individu a ceci de singulier qu’il trouve du sens dans son travail. Le changement au-delà de représenter une simple transition, le passage entre deux états, est une source d’inspiration personnelle et d’aspiration collective pour le salarié et le manager. Tous deux recherchent dans l’accomplissement du changement, autonomie, finalité et providence. Selon le sens que l’individu donne à son travail, il se crée une interaction avec les autres, une coopération ontologique loin de tout mécanisme logique ou déterministe.

Le changement dans l’entreprise a ses contributeurs assidus les salariés et les managers. L’exécution répétée d’actes utiles à la transformation, à l’évolution de l’entreprise rend-elle forcément les individus plus aptes à l’habituation au changement. Certaines entreprises ont cette exigence au changement liée à leur activité, d’autres sont moins enclines dans un secteur professionnel qui impose des structures stables, moins labiles. Entre ces deux formes, la première citée correspondrait mieux à ces variations issues du changement et donc plus adhérente à cette habituation au changement. L’entreprise, dans son modèle actuel, est bien éloignée de cette utopie qui laisse à penser qu’une exposition fréquente et prolongée conduit inexorablement au changement accoutumé. L’entreprise du futur aura probablement une présence physique de l’homme minimaliste annihilant ainsi son intention et son action, remplacé qu’il sera par la machine, le robot. Réalité de demain, de l’entreprise sans véritable esprit humain pour la façonner, effaçant toute forme d’altruisme. Quelle aubaine pour l’entreprise !